LES PRÉSIDENTES, de Werner Schwab

Mise en scène : Mireille HUCHON

Scénographie : Bernard LABORDE

Création sonore et régie : Pierre BIRBA

Avec : Bernard LABORDE, Mireille HUCHON, Marie DUQUÉ

Trois femmes en huis clos dans une cuisine président leur vie, bardées de certitudes et de phrases toute faites. Du bas de leur existence, ces « Présidentes » nous montrent le monde vu des profondeurs de la cuvette des toilettes et ça n’est pas triste !!!

Elles nous font basculer dans la farce, la fête des fous, dans un monde excessif et violent dont les traits sont si forcés qu’il est difficile de ne pas en rire.

Werner Schwab, auteur contemporain autrichien, est aujourd’hui considéré comme un des plus grands dramaturges d’outre-Rhin. Avec un humour franchement subversif et un goût certain pour la provocation, il bouscule les règles de la syntaxe et de la bienséance et construit un véritable théâtre populaire, mais un théâtre populaire qui règle ses comptes avec le peuple. Il ne prétend pas changer le monde, il oppose simplement des mots de violence à la violence du monde. Au bout du compte, il fait le travail du poète, il renouvelle la langue !!!

Âmes sensibles s’abstenir…

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Werner Schwab,

dramaturge autrichien auteur d'une quinzaine de pièces de théâtre décapantes et sans pitié pour la société occidentale, est né à Graz le 4 février 1958 et mort dans la même ville le 1er janvier 1994.

D'origine paysanne, il étudia à l'École des Beaux-Arts de Vienne. N'aimant pas la ville, il se retire avec sa femme au fond de la Styrie (Autriche). Il se fait bûcheron-sculpteur. Il écrit ses pièces avec un profond désir de critiquer la société. D'où leur caractère provoquant et parfois même choquant.

Il se distingue par un style brut qui met sur le même plan l'«or» et la «merde». Ses personnages se soulagent, sur scène, de diarrhées verbales dans des lieux sordides et lugubres, plein d'ordures et d'insanités répugnantes.

Werner Schwab est un phénomène. Plasticien et bûcheron, il s’est mis à écrire en 1990 des pièces de théâtre hors-normes en quelques années. Il meurt trois ans plus tard à seulement 36 ans, d’une vie trop intense, dans la nuit de la Saint-Sylvestre le 31 décembre 1993, chez une amie à Graz.

Comme celles de ses compatriotes, Thomas Bernhard et Elfriede Jelinek, son écriture est constamment traversée par la haine de soi et de la société autrichienne.

En France, ses pièces les plus jouées sont Les Présidentes et Excédents de poids, insignifiant : amorphe, toutes deux publiées en 1990.

«La langue tire les personnages derrière elle comme des boîtes de conserve qu’on aurait attachées à la queue d’un chien», écrit Werner Schwab dans Ma Gueule de chien, l’une des quatorze ou quinze pièces jetées au début des années 90 comme autant de pavés dans la langue allemande par ce grand gaillard autrichien, 1,92m sous la toise. (…)

À l’en croire, mais son ex-femme confirme, il n’aurait été qu’une fois au théâtre cette «cochonnerie ennuyeuse», enfant avec son école, et, plus tard, aurait été «beaucoup impressionné» en voyant à la télévision une pièce de Thomas Bernhard jouée par l’acteur Bernhard Minetti. (…)

Fils de concierge, Werner Schwab a suivi des études de sculpture à l’école des Beaux-Arts de Vienne. Il les interrompt pour s’installer à la campagne, devient bûcheron, et bientôt commence à tronçonner des pièces, le théâtre étant pour cette force de la nature (qui poussait la coquetterie jusqu’à s’habiller tout le temps en noir) moins un genre qu’une tribune où éructer et canaliser dans des voix la parole qui l’éclabousse.

Schwab est également l’auteur de quelques sculptures faites de matières périssables : chair de poule, cul de poulet, coupures de journaux, sucre, cendre, plastique et plâtre. Son écriture ressemble à ce conglomérat. «La langue vivante a été détruite par la politique, la bureaucratie et la publicité. Le langage de tous les jours est dressé comme un berger allemand. Mon devoir est de tirer au clair quand et comment la langue a été détruite. Je trouve ma matière linguistique dans les cafés, les rues, les bordels», expliquait Schwab qui avait fort à faire en Styrie, région conservatrice et catholique : dans son village natal, un slogan fasciste orne toujours la mairie.» (Jean-Pierre Thibaudat, écrivain et journaliste)

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